La maltraitance laisse des traces
visibles dans le cerveau
Par Pauline Fréour - le 03/08/2012
Les enfants ayant souffert d'abus ou de violences
présentent des altérations au niveau de la matière blanche ou de l'hippocampe.
Les psychiatres savent depuis des années
que les enfants qui ont été maltraités ou peu entourés ont un risque plus élevé
de souffrir à l'âge adulte de troubles mentaux - angoisse, dépression,
addiction, suicide. Si le lien de cause à effet n'est pas surprenant, on peut
se poser la question de sa modalité. Est-ce que ces abus peuvent causer des
changements biologiques au niveau du cerveau engendrant ces problèmes? Plusieurs
études récentes semblent aller dans ce sens.
La plus récente est parue mercredi dans la
revue Neuropsychopharmacology du groupe Nature. Elle montre que la
maltraitance laisse des traces dans la substance blanche du cerveau, composée
des réseaux de fils des neurones qui permettent la communication entre les
différentes zones du cerveau. Utilisant une technique sophistiquée d'IRM
appelée DTI, les auteurs américains de l'étude ont constaté chez des
adolescents exposés aux mauvais traitements dans leur enfance des perturbations
microscopiques à ce niveau. Ils ont pour cela comparé un groupe de 19
adolescents ne présentant aucun trouble psychiatrique mais ayant souffert de
maltraitance durant leur enfance - violences physiques, abus sexuels ou climat
de violences familiales pendant au moins six mois -avec un groupe témoin de 13
adolescents sans antécédents de violences ni trouble psychiatrique.
Or, au terme d'un suivi de cinq ans, cinq
des 19 adolescents victimes d'abus avaient développé une dépression contre un
seul dans le groupe témoin, et quatre étaient devenus des consommateurs de
drogue contre un seul dans l'autre groupe.
Détection précoce
Précédemment, une étude conduite sur 193
personnes et publiée en février dans la revue PNAS avait montré que les enfants
maltraités présentaient un hippocampe - la partie du cerveau impliquée dans la
régulation de l'humeur, la mémoire et l'apprentissage - plus petit que la
moyenne. Or l'hippocampe a tendance à rétrécir quand il est exposé aux hormones
du stress. Une autre zone du cerveau, le subiculum, était aussi de taille
anormalement réduite, une caractéristique associée à la consommation de drogues
et à la schizophrénie.
Une autre étude conduite auprès d'orphelins
roumains ayant passé les premières années de leur vie dans des conditions très
dures, recevant peu d'attention et d'affection, révélait en juillet dans PNAS
une réduction de la matière grise du cerveau, où siègent les noyaux des
neurones, ainsi que de la matière blanche.
L'idée de tous ces travaux est à terme de
repérer les sujets les plus susceptibles de développer des perturbations
psychologiques, avant même qu'apparaissent les premiers signes dans leur
comportement. De plus amples connaissances pourraient aussi permettre
d'améliorer les traitements qui leur sont proposés. Mais les chercheurs
appellent encore à d'autres études pour confirmer leurs résultats et découvrir
le mécanisme exact qui induit la perturbation.
Nenhum comentário:
Postar um comentário